mardi 3 mai 2011

Mariage d'Elsa et de Loïc-Discours de Serge Guinchard-25 août 2006-Hôtel Radisson-Lyon


Chers amis,
Ce soir c’est une fête de l’amitié en même temps que la rencontre de deux familles en la personne d’Elsa et de Loïc :
-         L’amitié de retrouver tous nos amis, certains venus de loin : Marina et Ioannis Delicostopoulos d’Athènes, Véréna et Christophe d’Allemagne, Audrey et Stuart d’Angleterre, de même qu’Emmanuel, ce qui prouve combien Albion est perfide, puisqu’elle m’a pris deux de mes enfants, sans oublier qu’Elsa est elle-même professeur d’anglais !
-         D’autres de moins loin : les Harichaux d’Amiens, les Bravard de Chamonix notre pays d’adoption, Paris et Lyon pour l’essentiel de nos autres amis. Avec une mention spéciale pour la famille Charrière dont les liens plus que centenaire avec la nôtre témoigne de la solidité de notre affection mutuelle.
Merci d’avoir répondu à notre invitation. Nous sommes vraiment très heureux de vous voir ici ce soir, réunis autour d’Elsa et de Loïc.
Bien sûr, ce discours, un peu convenu, s’adresse d’abord à toi, ma chère Elsa. Pour plusieurs raisons : tu es la mariée, la reine de ce jour. Et aussi, tu es la première de nos trois enfants à se marier, bien que tu sois la dernière née. La dernière née, et ce fut la surprise post-africaine ! Non pas que ta mère ou moi ne souhaitions plus avoir d’enfants, mais cinq ans de présence africaine, dans un pays, le Sénégal, aux conditions sanitaires précaires et modeste, n’avaient pas permis à la nature de déclencher le processus de ta conception. Ce sont là les mystères de la nature.
Comme il est d’usage dans ce genre de discours que je ne veux pas prolonger, je vais parler de toi, beaucoup, de notre famille, un peu, et de celle que tu crées aujourd’hui avec Loïc. J’avais pensé reprendre le texte du discours que mon beau-père prononça pour mon propre mariage avec ta maman, le 24 mars 1969, mais j’ai pensé que ton modernisme le trouverait bien désuet.
Pour parler de toi, les choses sont relativement simples : fortement désirée par tes parents, tu fus immédiatement adoptée par ta sœur et ton frère, bien avant ta naissance. Je me souviens qu’Emmanuel disait et répétait fièrement, « maman a un bébé dans son ventre », dès qu’il sut que tu étais conçue. Ce bébé tant désiré pointa son nez un 3 septembre, ce qui fait que tu es née sous le signe de la liberté, puisque cette date est celle de la Libération de Lyon, 37 ans plus tôt, en 1944. Et le fait que tu te maries un 25 août, date de la Libération de Paris, prouve combien tu es une femme attachée à la liberté.
De ta naissance j’ai gardé des souvenirs très précis :
-         d’abord, parce que la science médicale progressant, j’ai pu entendre battre ton cœur avant même de voir poindre le bout de ton nez et, surtout, tes cheveux noirs jais. Je me souviens parfaitement de ces battements rythmés comme ceux de la Chevauchée des Walkyries, prélude sans doute à ta rencontre avec Loïc, puisque, pianiste averti, il apprécie aussi Wagner.
-         Ensuite, parce que tu étais si petite, si menue, que je n’ai pas osé te prendre dans mes bras comme me le proposait médecins, sage-femme et infirmières.
Déjà, tu dégageais ce sentiment de fragilité, qui n’est qu’apparence, mais qui t’a permis, dès la première seconde à l’air libre, d’entretenir une relation fusionnelle avec ta maman, puisque le médecin décida de te placer sur le ventre de ta mère, ce qui eut la vertu miraculeuse et immédiate de faire cesser tes pleurs.
 Je ne peux pas ici ne pas évoquer les liens si forts que tu entretiens toujours avec ta maman. Chacun sait que quart de sang corse de maman la pousse à une relation très intense avec ses enfants, qu’elle n’a de cesse de tenir dans ses bras, y compris en épluchant des carottes ou en vaquant à d’autres occupations.
Avec toi, sans doute parce que tu étais la dernière, la relation mère-fille a atteint des sommets d’amour et d’abnégation :
-         d’amour, à tel point que ton oncle Robert, dont chacun connaît l’amour des enfants venant te voir et te demandant ton nom, s’entendit répondre « bébé » ; et, ajoutant, « bébé comment ? », entendit cette fois  "bébé-amour". Tu ne faisais que répéter le surnom avec lequel ta maman, quotidiennement, t’appelait.
-         d’abnégation ensuite, lorsque ta mère t’accompagnait deux fois par jour à l’école anglaise, ce qui lui faisait quatre allers-retours dont deux avec toi sur ses genoux, à te lire des histoires. 
Quant à tes relations avec tes frère et sœur, ils seraient plus qualifiés que moi pour en parler. Mais comment ne pas souligner, à leur place, qu’ils ont su t’entourer d’une grande tendresse, de beaucoup de complicité, avant de t’associer à leurs jeux, malgré les 8 et 6 ans d’écart entre vous.
C’est Audrey qui, la première, prit conscience de ton souci de rapidité, d’aller à l’essentiel, de ne jamais t’attarder sur l’accessoire, lorsque tu prenais ton bain, puisqu’il te suffisait d’entrer dans l’eau et d’en ressortir immédiatement pour être propre ! Depuis, tu as largement dépassé ce stade, mais as conservé ce souci de rapidité.
Quant à tes grands-parents, dont trois malheureusement ne sont plus là pour te voir épanouie et rayonnante de bonheur, ils ont été, à Saint-Gervais et ailleurs, pendant au moins vingt ans, très proches de toi. Il faut ici rappeler que maman t’emmenait déjeuner chez tes grands-parents paternels pendant deux ou trois ans, que tu as pu ainsi les découvrir et les apprécier. Il en reste cette relation un peu particulière avec ton grand-père Louis, ici présent, que lorsque tu lui demandais quelque chose, comme par exemple jouer aux cartes ou à un autre jeu, tu l’obtenais immédiatement, alors que ta sœur ou ton frère venaient d’essuyer un refus, une minute plus tôt !
En somme, tu auras été choyée.
Beaucoup ici ce soir le savent bien car ils ont partagé avec nous ces instants de bonheur : les Moussa, les Maurice, les Buisson, les Sousi, les Mayaud et bien d’autres, que je ne peux tous citer ici.
Rassurez vous, j’en viens au temps présent. L’évocation de l’enfance ne suffit pas à faire un discours, mais elle éclaire une personnalité.
Et la tienne, malgré les apparences, est forte, pragmatique ; tu as les pieds bien ancrés sur terre, tu n’es jamais longtemps perdue sur un nuage, loin des réalités concrètes. En digne héritière de ta maman, tu sais ce que tu veux et, surtout, tu sais t’adapter aux changements. Loïc sait déjà, sans doute, que tu as toutes les qualités :
-         les trois fondamentaux scolaires, lire/écrire/compter (il fallait bien que je les place) ;
-         les trois fondamentaux ménagers : cuisiner/coudre et repasser ;
-    les trois fondamentaux des loisirs : escalader, nager et voyager, grâce à l’appréhension des langues étrangères.
Ce que Loïc sait moins peut-être, c’est la rapidité avec laquelle tu as décidé un jour, dès que tu l’as connu, il y a maintenant sept ans, d’apprendre tout ce qui était indispensable pour tenir une maison : c’est ainsi que nous t’avons vu décider – et ta sœur et ton frère s’en souviennent certainement – qu’en quelques jours tu saurais cuisiner les trois ou quatre plats indispensables à connaître : une entrée, une viande, un poisson, un dessert, etc..
De la même façon, tu as appris à broder, mais sans t’appesantir longuement sur cette activité qui ne correspond pas vraiment à ton tempérament actif.
Bref, en quelques semaines, tu t’es transformée, certains diraient formatée. On t’a même vue aller à la médiathèque pour emprunter des disques, des CD et autres K7 ou DVD, pour connaître cette musique dont te parlait Loïc. Toi qui refusait de nous accompagner au concert, à deux pas d’ici, à l’auditorium, tu as, d’un seul coup, découvert les grandes œuvres classiques.
Il faut dire que, bachelière à 15 ans, tu avais toutes les qualités pour accélérer les choses.
Et te voilà, en robe de mariée, aux côtés de Loïc.
Loïc, nous sommes heureux, Brigitte et moi, de vous accueillir dans notre famille, de vous voir fonder un foyer avec notre fille. Elle saura vous aider, vous soutenir dans vos efforts, se battre pour vous : n’oubliez pas qu’elle a gravi le Mont-Blanc, à 15 ans, qu’elle voit de haut et très loin. Avec le cœur de sa maman, l’esprit de synthèse de son père, sa rapidité d’exécution, elle saura, je n’en doute pas, vous rendre heureuse, au sens plein du mot.
Si je vous souhaite ce soir beaucoup de bonheur en commun, permettez moi d’ajouter encore deux choses :
-         d’une part, de vous offrir ce livre en chinois et en anglais, avec des timbres sur les différents types de mariage selon les nationalités des époux ;
-         d’autre part, de dire un immense merci à Brigitte qui a donné la vie à Elsa, l’a élevée dans le respect des grandes valeurs familiales, gages solides d’un avenir matrimonial épanoui.

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